Tome 1 : Le T'Sank

Coup de coeur

Aujourd’hui, on nous annonce que nous partons pour le monde d’Alamänder… Soit. C’est loin ? On peut en revenir à pattes ? Autant le dire tout de suite, ce n’est pas la porte à côté, ça fait une petite trotte déjà. Mais qu’à cela ne tienne, après tout, pourquoi cela ne vaudrait-il pas le coup ? Les éditions de L’Homme Sans Nom (HSN) ne vous disent rien non plus ? Après cette lecture, vous aurez sûrement, comme moi, l’envie d’en savoir plus.

 T’sank, premier tome de la saga d’Alamänder, est un roman d’Alexis Flamand paru aux éditions HSN. Je ne connaissais ni l’un ni les autres, et bien c’était un tort heureusement réparé grâce à eux ! Posons le cadre : le monde d’Alamänder est riche d’une histoire complexe et touffue dont le T’sank n’est qu’une partie ô combien petite mais fort heureusement auto-contenue, malgré son caractère introductif.

En suivant une chronologie volontairement gommée au départ, nous suivons en parallèle deux personnages masculins à la destinée que nous sentons forte et liée. D’un côté, Jonas Alamänder reçoit la visite de militaires de Kung-Bohr, car son petit lot de terrain vient d’être annexé selon les termes d’un traité diplomatique ; de l’autre, le jeune Maek tente de s’acclimater, très difficilement en l’occurrence, à sa vie de paysans spécialisés dans la moisson de champs de blés aux griffes acérées et donc tueurs réguliers d’hommes venus les faucher. L’un comme l’autre doivent se lancer, contre leur gré mais avec la même fougue et le même intérêt pour le lecteur, dans une quête pour leur survie.

Au fur et à mesure du récit, les chapitres, au départ courts pour stimuler la narration et l’envie du lecteur, se font de plus en plus longs et développés pour expliciter bon nombre de situations complexes liées aux légendes du monde d’Alamänder. En effet, surviennent particulièrement régulièrement des extraits de traités mythologiques du monde d’Alamänder et des fragments de son histoire complexe. C’est ce nœud, créé entre une histoire qui nous happe progressivement et un arrière-plan vraiment fourni et construit, qui réussit son coup. À force d’avancer cette critique, je me rends compte combien il est compliqué d’en dire davantage tant le moindre pan de l’histoire soulevé avant de le lire pourrait gâcher la lecture.

Tout de même, précisons que sans être omniprésent, et ce serait sûrement de trop, l’humour bien senti est une dimension fondamentale de l’écriture d’Alexis Flamand. D’expérience, c’est toujours très compliqué d’écrire des dialogues foncièrement drôles qui ne tombent pas à plat ; ici, tout se tient et cela est probablement lié à comment l’auteur incorpore l’humour jusque dans sa dimension d’auteur, puisqu’il termine ce premier ouvrage en nous exposant une discussion entre lui et ses personnages, vus comme des acteurs, qui s’expriment sur la difficulté de jouer un individu de cet univers ou encore leur joie de renouveler l’expérience dans d’autres volumes.

Sans aller jusqu’à dire qu’il y a là un style extraordinaire (c’est juste que je ne me permettrais pas de juger ce genre de choses encore), nous pouvons tout à faire dire qu’il y a une « patte Alexis Flamand » et qu’elle m’a tout bonnement charmé pour son immersion et son décalage ! Si les notions autour du T’sank sont encore à construire dans l’imaginaire du lecteur, revenir dans cet univers ne peut être qu’un plaisir au vu de ce premier opus.

Dionysos pour Bibliocosme - Lien direct