Tome 1 : Le T'Sank

Deuxième lecture du catalogue des éditions de l’Homme Sans Nom et deuxième découverte très agréable. J’avais tout d’abord été attirée par l’illustration de couverture et par la mention d’une fantasy humoristique dans la quatrième de couverture, et je n’ai pas été déçue ! Humour il y a et la couverture ne fait pas inutilement de l’œil aux potentiels lecteurs.
Le T’sank est un premier tome certes introductif puisqu’il met en place le contexte et les personnages mais n’est néanmoins pas dénué d’une intrigue déjà « conséquente » et d’actions rythmant le récit. J’ai parfois noté quelques longueurs descriptives mais je sors tout de même de cette lecture plus qu’enthousiaste et achèterai la suite aux Imaginales, c’est sûr !

Après deux chapitres en prologue introduisant le Roi Ernst XXX et les problèmes rencontrés par Kung-Bohr, son royaume, le lecteur fait la connaissance du mage-détective Jonas Alamänder et de son « démon de compagnie » Retzel. C’est vraiment à partir de cette rencontre agitée que j’ai découvert tout le potentiel humoristique de cette histoire. Et si j’ai apprécié les chapitres dédiés aux aventures des autres personnages ; jusqu’au bout, ce sont ceux mettant en avant ce duo improbable que j’ai préférés.
En effet, tel un vieux couple se chamaillant sans cesse, Jon et son démon « mineur et minable » du « Troisième-Cercle-En-Partant-De-La-Gauche » offrent des scènes assez cocasses ; les premières retrouvailles auxquelles le lecteur assiste en disent long sur les possibles scènes futures. Très vite, ces deux inséparables sont rejoints par deux soldats de l’armée du Roi Ernst XXX, deux cousins qui viennent raser la maison du détective-mage, appartenant désormais au territoire Kung-Bohrien. Jonas n’est évidemment pas du tout de cet avis et compte bien aller dire deux mots à sa Majesté. Les trois hommes et la créature infernale font donc ensemble le chemin jusqu’à la capitale… à dos de skorjs, des poulpes terrestres géants plus ou moins amicaux. Arrivés dans la capitale, les ennuis continuent et d’autres scènes surréalistes attendent le détective-mage, notamment au guichet d’inscription des émigrés. Je ris encore en repensant à cette scène vraiment très drôle ! A partir de là, l’intrigue prend plus de consistance et se tourne du côté de l’enquête puisque Jon est « embauché » pour ce qu’il sait le mieux faire : résoudre un meurtre a priori lié à la magie.
Entre les chapitres dédiés au détective et à ses compagnons, Alexis Flamand nous propose l’histoire d’un autre personnage : Maek. Ici, point d’humour mais plutôt la mise en place d’une quête pour le jeune garçon différent, étrange et légèrement flippant qui, afin de réaliser ses rêves, n’hésite pas à détruire sa « famille » et tout le village autour ! On comprend au fil du récit que ce jeune Maek a une importance capitale dans l’évolution du monde créé par l’auteur puisqu’il fait partie d’une de ses figures légendaires. J’ai davantage apprécié l’humour des chapitres mettant en scène Jon, mais j’ai tout de même beaucoup apprécié découvrir l’histoire de ce jeune garçon et surtout, son « identité » et son implication dans l’intrigue générale. Il me tarde d’en apprendre plus sur ce qu’il mijote (a mijoté ?).

Outre des personnages charismatiques, Alexis Flamand nous offre également un univers original, plutôt complexe et a priori (en tout cas, c’est que semble nous montrer ce premier tome) bien construit. Le lecteur découvre, au fil des pages, des créatures improbables (des poulpes terrestres de guerre, rendez-vous compte !) et étranges (des champs de blé carnivores !), les us et coutumes d’un monde à part, les principes et préceptes d’une magie appelée « Noble Art »… et beaucoup d’autres choses qui ne demandent, je pense, qu’à être développées et enrichies dans les opus suivants (et je m’en fais d’ores et déjà une grande joie !).
L’auteur a réussi à créer un monde de fantasy nouveau et original (ce n’est pas simple vu tout ce qui a été écrit dans le genre) et surtout qui tient la route. J’ai rapidement été propulsée dans cet univers et m’y suis sentie très bien. J’étais tour à tour inconfortablement installée sur un skorj en compagnie de Jonas ou sentant la morsure des épis de blé des champs carnivores à l’instar du jeune Maek. Le récit est ponctué d’assez de descriptions imagées pour que chaque lecteur puisse s’immerger sur le continent d’Alamänder.

On peut, cela dit, regretter quelques descriptions un peu trop poussées qui ont tendance à ralentir un peu le rythme du récit. Malgré tout, j’ai aimé les parcourir et remercie Alexis Flamand d’avoir su détailler les scènes, proposant ainsi de véritables tableaux que je n’ai eu aucun mal à me représenter dans ma petite tête. Quant aux interventions et échanges des personnages entre eux, inutiles de vous dire qu’ils sont savoureux… notamment les répliques qui fusent entre Jon et Retzel, évidemment !
Comme déjà dit, les chapitres permettent d’alterner les points de vue puisque le lecteur suit soit le groupe composé de Jonas et de ses compagnons, soit la quête de Maek même si les chapitres consacrés à celui-ci sont moins nombreux. J’ai aimé ce découpage qui met en parallèle deux aventures mais également deux « époques » et deux tonalités différentes. En effet, si l’on sourit et l’on peut rire à gorge déployée grâce aux interventions de Retzel et grâce à l’intégration de Jon dans la capitale Kung-Bohrienne, difficile de se fendre la poire en suivant le chemin parcouru par le jeune et sombre Maek. L’auteur parvient à passer de l’une à l’autre sans heurt et cela se ressent pendant la lecture.

Si la première moitié du texte présente la situation initiale et la mise en route des personnages vers leurs destins respectifs, la seconde moitié prend véritablement la forme d’une enquête puisque le détective doit venir à bout d’une énigme qui semble insurmontable. J’ai beaucoup aimé cette évolution et ce choix de l’auteur. J’ai eu l’impression de suivre Sherlock Holmes ou Hercule Poirot dans une chasse aux détails qui peuvent sembler insignifiants (mais qui ne le sont pas !), dans un monde de fantasy. Et comme avec ces deux héros policiers, je n’ai pas du tout su voir ce qui était pourtant devant mon nez… heureusement que Jonas a du flair !
Je suis heureuse d’avoir découvert un premier tome qui ne se contente pas de placer un contexte, de présenter les personnages et de poser les bases d’une intrigue. Non, ici, véritable intrigue il y a et même si l’on comprend que ce n’est qu’une intrigue « secondaire », que quelque chose de plus gros, de plus général, couve derrière tout ça ; on n’est pas frustré par un opus trop introductif.

Des personnages charismatiques, un univers original et qui promet encore de belles surprises, une intrigue déjà bien consistante, une forme maîtrisée, beaucoup d’humour… un premier tome très agréable à parcourir et qui invite fortement à lire la suite ! Et je serai au rendez-vous !

Melisende pour le Bazar de la Littérature - Lien vers l'article

Agenda

Librairie De plume et d'Epée, à Crémieu, les 29 et 30 octobre 2022 pour deux jours de dédicace et une soirée jeu de rôle !

A propos du Cycle

Les tomes du Cycle sont :

1. La Porte des Abysses

2. La Citadelle de Nacre

3. La Nef Céleste

10 bonnes raisons de lire Alamänder

- C'est encore mieux que Fantomette contre Sauron
- Vous voulez plagier un bouquin de Fantasy, pourquoi pas celui-là ?
- Vous aimez le blé carnivore
- Vous aimez les pieuvres en général
- Vous n'avez rien d'autre à faire pour le moment
- Vous êtes un adulte responsable, vous n'avez pas à vous justifier
- Vous voulez une excuse pour glander au boulot ( d'habitude vous lisez l'annuaire )
- Tellement de personnes disent du mal d'Alamänder que ça mérite le détour
- Vous êtes la cible d'un odieu chantage dont je suis l'instigateur pour vous obliger à le lire
- Vous ne le savez pas encore, mais vous allez mourir dans peu de temps. Pourquoi ne pas prendre les dernières minutes qui vous restent pour commencer un chouette bouquin ?

10 bonnes raisons de ne PAS le lire

- Vous êtes un canard, vous ne savez donc pas lire
- Vous êtes mort
- Votre belle-mère s'appelle Gisèle Alamänder
- Vous ne savez pas que ce roman existe et vous n'avez même pas internet, de toute façon
- Ça manque de sexe, de sang et de harengs
- Il n'y a pas de nain, de troll, de dragon, d'orque, de mort-vivant, d'elfe, d'elfe noir, d'elfe des forêts ni d'elfe des plages
- Je préfère SAS
(Oui, je sais, ça ne fait que 7 raisons. Vous ne pensez tout de même pas que je vais continuer à enfoncer mon bouquin, non ?)