Tome 1 : Le T'Sank

Maek a été “trouvé” par les paysans guerriers de la Friche, au milieu d’un champ de céréales carnivores qui l’a épargné et personne ne sait pourquoi. Lui sait au plus profond de lui qu’il est différent, qu’autre chose l’attend ailleurs et que son destin n’est pas de devenir un membre de sa nouvelle communauté et encore moins un guerrier de la Friche.

Jonas enquête sur les affaires criminelles magiques et garde la maison de son maître dans un petit pays qui vient d’être annexé par un puissant royaume.
Les soldats viennent l’expulser mais acceptent de l’emmener plaider sa cause devant le paranoïaque Roi Ernst XXX.

Le Cycle d’Alamänder commence avec ces deux destins qui donneront deux grands voyages desquels on revient changé, transformé. Dans un environnement aussi original qu’improbable, les aventures ne font que commencer.
Un roman qui se veut un vibrant hommage à Vance, Leiber et Zelazny où l’on trouvera également et régulièrement de sympathiques et sombres clins d’oeil aux mythes cthulhiens de Lovecraft.

À la manière des Cycles de Jack Vance, Alexis Flamand nous livre dans ce premier tome un univers aussi riche qu’étrange en rupture très nette avec les règles en vigueur de l’Heroic Fantasy.

On est prévenu par la quatrième de couverture, qu’il faut oublier les classiques orques, elfes et dragons car ce qui régit le monde d’Alamänder est tout autre. Il y est question d’un demi-dieu enfoui dans une montagne et “sur/dans” lequel vit tout un peuple, d’un immense champ de blé carnivore que les paysans guerriers moissonnent à la faux en y laissant régulièrement la vie, de poulpes de guerre -fleurons de l’armée du royaume- et d’un peuple incroyablement cruel et dont la seule information viable est qu’il est humain et surtout insaisissable.
Un monde instable et très hostile, où les combats sont particulièrement violents. Alexis Flamand nous y fait ressentir la souffrance des blessures infligées, l’état mental jusqu’à l’évanouissement des protagonistes ne pouvant en endurer plus. Des moments dotés d’une grande tension entrecoupés par des scènes presque burlesques où l’humour côtoie les informations nécessaires à notre immersion dans ce monde... absurde et bizarre.

Techniquement, le style est fluide et très visuel. L’atmosphère y est presque palpable et c’est un vrai plaisir. « Le T’Sank » est quasiment cinématographique sans pour autant comporter des pages et des pages de descriptions à endormir les vivants. Alexis Flamand nous invite dans cet univers qu’il a créé en hommage aux auteurs qu’il admire et lui donne vie avec talent. Un récit qui oscille entre l’Heroic Fantasy et le Fantastique, des personnages captivants et des dieux qui jouent leurs rôles divins comme dans un jeu de rôles, entre humour noir et burlesque, l’écrivain maîtrise son impressionnant sujet de la première à la dernière page.

Le Cycle D’Alamänder ne fait que commencer et ce premier tome sera apprécié des amateurs comme des néophytes tout en réussissant à nous faire attendre le prochain avec une impatience toute relative.

PS : « Le T’Sank » déclaré Coup de Cœur 2008 des Bibliothèques de la ville de Paris.

Ludovis Causse pour Yozone - Lire l'article