Tome 1 : Le T'Sank

"Des poulpes de guerre, du blé carnivore, un démon de poche, un magicien questeur, un jeune homme à la recherche d'une mythique école d'exécuteurs, un roi paranoïaque... Tous ces éléments annoncent déjà l'univers farfelu d'Alamänder, premier roman d'Alexis Flamand. Quand on connaît un peu l'auteur, on attend du burlesque, du loufoque et on n'est pas déçu. Mais Le T'Sank est bien plus qu'une simple succession de gags, il se veut un hommage aux épopées de Vance, Leiber et Zelazny. On y trouve du Lovecraft, du Terry Pratchett et bien d'autres références tant l'intertextualité est grande. Univers sombre et passages épiques côtoient donc humour absurde et personnage de farce (démon Retzel.)

Le roman repose sur deux intrigues parallèles. D'un côté, nous suivons Maek et les nombreuses épreuves qu'il doit affronter pour trouver l'école d'exécuteurs, de l'autre, le voyage de Jonas ( détective des affaires criminelles magiques ) vers Ker-Fresnel afin de plaider sa cause (conserver ses terres) auprès d'un roi réputé inflexible et paranoïaque. Ces deux fils conducteurs posent les jalons d'un monde inquiétant et absurde. La faune, la flore et la complexité du système politique y sont savamment décrites. Le premier tome de ce cycle n'est pas, à proprement parlé, basé sur l'action et l'on pourrait même reprocher à certains passages leur aspect linéaire, notamment en ce qui concerne la quête de Maek. J'avoue m'être demandé, au début, où me mènerait cette succession rapide d'épreuves auxquelles le jeune homme est confronté. Mais rapidement, on comprend qu'il ne peut en être autrement. Ces éléments participent autant à la construction de l'univers particulier du roman qu'à la parodie de romans fantasy. Le souffle épique que l'on peut trouver dans cette partie du roman contrebalance parfaitement les épisodes burlesques.

Le T'Sank est un livre-univers où l'on respire, pas de rythme effréné, de batailles sanguinaires mais un monde qui s'ouvre à nous, se présente, se pose. Un livre où l'on rit, où l'on contemple, où l'on se rappelle parfois le frisson que faisait naître en nous les monstres lovecraftiens. Une intrigue policière, une trame fantasy, un peu d'humour... Malgré ses références nombreuses destinées aux amateurs du genre, Alamänder pourrait bien séduire un public plus large. Un premier roman réussi et on attend impatiemment la suite."

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