Tome 2 : La Citadelle de Nacre
L’Analyse
Magie et carnages végétaux
Ce deuxième volume d’Alamänder développe les relations entre les dieux, notamment sur l’origine et la nature du conflit entre les dieux du panthéon d’Alamänder, Magni en tête, et Akir, le dieu de la destruction. Akir agit ainsi en sorte de saint patron des sciences pour provoquer la destruction de l’Humanité par ses découvertes scientifiques, afin de ne pas être lui-même responsable de la mort des êtres humains. Alexis Flamand donne également des indices sur le lien entre Jon Alamänder et Maek, ainsi que sur leur nature de « Hempé », qui ont influé sur la création du monde.
La magie est également développée dans ce deuxième volume, puisque la magie de YArkhan est plus longuement mise en scène. On observe ainsi qu’elle est très liée à la technologie et permet de réaliser des prouesses scientifiques, telles que ranimer des corps à partir de sauvegardes de leur mémoire, ou créer des « intelligences synthétiques » qui font office de gardiens ou de moyens de transports. On voit aussi la magie des Xéols à l’œuvre. Elle se base sur le stockage et la croissance de sorts dans des végétaux pour ensuite les cultiver.et les faire évoluer, ce qu’on observe lors de leurs affrontements avec les kungbohréens.
L’auteur semble donc confirmer que la magie du monde d’Alamander est liée à la science d’une certaine manière, puisque les mages Mehnzotains composent avec les lois de la physique pour la modifier, ceux de Yarkhan programment leurs sorts pour créer une magie complexe, tandis que les Xéols agissent en botanistes. La magie est donc perçue de manière rationnelle par les différents peuples, et possède un fonctionnement calqué sur celui des sciences, l’informatique pour les mages de YArkhan, par exemple.
Cette magie est d’ailleurs convoitée par les champs de blé carnivores, qui sont mis en avant, ce qui permet au lecteur de comprendre le danger qu’ils représentent lorsqu’ils sont mis face à des êtres humains moins puissants ou dangereux que Maek, puisque Jonas et ses compagnons vont croiser leur route. Encore une fois, l’auteur illustre le conflit Homme-Nature de manière extrêmement violente, parce que les héliagants cherchent à annihiler l’Humanité, ce qu’on observe dans leurs assauts de plus en plus impitoyables et le climat d’apocalypse qu’ils entraînent, par les destructions qu’ils commettent, mais aussi par leur volonté d’accéder à la magie, qui témoigne de leur intelligence et de leur ambition.
Le roman présente également de la « véritable » technologie, ou des artefacts complètement assimilables à de la technologie, avec des générateurs électriques qu’on avait déjà vus dans le volume précédent, mais aussi des intelligences synthétiques, des robots qui copient l’apparence de quelqu’un, et surtout le Locust, qui s’avère être une sorte d’avion alimenté par de la sève de blé carnivore, qu’il fauche tout en avançant, et qui comporte un accélérateur de particules magiques (oui oui, vous avez bien lu, on a un accélérateur de particules dans un roman de Fantasy).
Narration et personnages
La narration reprend là où le premier volume s’était arrêté, et traite de la crise interne qui secoue Ker Fresnel, capitale du royaume de Kung Bohr. Cette crise interne se mue ensuite en crise de géopolitique externe, puisque la cité subit les assauts de ses voisins Mehnzotains et des Xéols qui ont refait surface. Pendant ce temps, Jon, Rachelle et Edrick doivent accomplir une mission pour le compte du roi Ernst : empêcher le savant fou Amanem Vilo de rejoindre YArkhan pour que la Cité Sainte exploite ses connaissances scientifiques dangereuses.
Jon et ses compagnons se trouvent donc à bord du Locust, qui doit gagner la ville de YARkhan en traversant le champ de blé carnivore de plus en plus agité.
Cet enfermement des personnages dans le Locust créé une sorte de huis-clos, puisque les personnages sont placés dans une situation de tension, puisqu’ils doivent se défaire d’un grand nombre de problèmes avant d’atteindre la Cité Sainte, avec notamment des tentatives de meurtre sur le roi Ernst.
Cet enfermement et la mission commune des compagnons permet de développer les relations entre Jon, Edrick et Rachelle, tout en approfondissant les personnages eux-mêmes, qui sont tous voués à se questionner sur leur identité, Jon suite à des découvertes sur sa véritable nature, Edrick à cause de changements physiques et de découvertes sur son identité, et Rachel à cause de transformations dont je ne peux pas vous parler sans spoiler. On en apprend également plus sur le passé commun et la relation de Rachelle et Jon, ce qui montre la complexité de leur relation.
L’enfermement des personnages dans le Locust coupe également les personnages de certains éléments d’intrigue cruciaux qui se déroulent à Ker Fresnel. Beaucoup de ressorts de l’intrigue, de rebondissements et de révélations se basent alors sur l’ironie dramatique, puisque le lecteur a connaissance de certains faits avant les personnages, qui les découvrent avec un retard tragique. L’intrigue gagne donc en enjeux par le biais des conflits géopolitiques qui entraînent des conséquences dramatiques.
Je terminerai cette chronique en mentionnant l’humour du récit, qui n’est clairement pas en reste, puisque certaines scènes sont à vraiment à hurler de rire, notamment celle du procès de Retzel , ou encore sa passion pour les vilebrequins et les têtes de Xéol qui donnent lieu à des scènes loufoques et pleines de répliques très bien trouvées. Ces séquences humoristiques permettent d’alléger la tension dramatique, à la fois pour les lecteurs et les personnages, en plus de faire le charme du roman !
Le mot de la fin
La Citadelle de nacre fait monter les enjeux narratifs introduits à la fin de La Porte des abysses. Jon, Edrick et Rachelle doivent faire face à des invasions et des crises géopolitiques majeures dans la ville de Ker Fresnel, qu’ils fuient afin de remplir une mission pour le compte du roi Ernst : empêcher YArkhan de s’emparer du savant fou Amanem Vilo. Ils embarquent alors à bord du Locust, véritable bijou de technologie dans un monde de Fantasy, pour rejoindre la Cité Sainte.
Alexis Flamand se sert du voyage des personnages dans le Locust pour créer une sorte de huis-clos où ils sont livrés à eux-mêmes pour résoudre leurs problèmes, ce qui lui permet de jouer sur l’ironie dramatique grâce au fait que Jonas et ses compagnons n’ont pas connaissance des événements dramatiques qui se déroulent à l’extérieur de leur vaisseau.
L’auteur développe également son univers et continue de donner des indices sur sa dimension cosmique, tout en rationnalisant toujours plus sa magie !